Fake news Constance Quéniaux
NON …NON ! Constance Quéniaux n’a jamais posé pour l’Origine du monde !
Je crains que l'emballement médiatique parfaitement orchestré concernant Constance Quéniaux, héroïne du livre « l’Origine du monde, la vie du modèle », ne repose que sur l’interprétation scabreuse d'une phrase volontairement raccourcie, qui ne fait aucunement référence à l'Origine du monde… Lisez bien la phrase!
Voici LA LETTRE MANUSCRITE ECRITE PAR ALEXANDRE DUMAS FILS A GEORGE SAND :
Transcription : « Courbet est sans excuse, voilà pourquoi je suis tombé dessus ; Quand on a son talent qui sans être exceptionnel est remarquable et intéressant, on n’a pas le droit d’être aussi orgueilleux, aussi insolent et aussi lâche, sans compter qu’on ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore, l’intérieur de Mlle Queniault de l’Opéra pour le Turc qui s’y hébergeait de temps en temps, le tout de grandeur naturelle et de grandeur naturelle aussi deux femmes se passant d’hommes ; Tout cela est ignoble. »
Un Hold-up très lucratif sur l’Origine du monde :
Voici la fameuse phrase qui fait dire à M. Claude Schopp, qu’Alexandre Dumas fils parlait dans sa lettre à George Sand, de l’Origine du monde… Pourtant elle est limpide ; Elle ne cite absolument pas le tableau l’Origine du monde de Courbet, dont Dumas-Fils ignorait totalement l’existence, mais de l’intérieur de Mlle Quéniaux, un lupanar peint en grandeur nature par Courbet dans son tableau « les Gougnottes » que l’on appelle aujourd’hui « Le Sommeil », tableau de grandeur naturelle dans lequel « deux femmes se passant d’hommes » se reposent après une joute saphique évidente.
Ce tableau fort connu à l’époque, qui faisait d’ailleurs « grand bruit à Paris », commandé par le TURC Khalil-bey à Courbet, choquait par son thème scabreux mais aussi par son format grandeur naturelle ; jamais un tel sujet n’avait été traité avec autant de vérités dans son format naturel. Le décor intérieur de cette scène peint par Courbet, grandeur naturelle, est sans aucun conteste celui d’une maison de plaisir raffiné ; Ce décor du plus pur Second Empire peint dans ce format est totalement inédit à l’époque. Par cette grandeur naturelle, (repris deux fois dans la lettre de Dumas), Courbet transcendait les codes de la représentation picturale classique en élevant à la taille de la peinture historique, une scène de lupanar faisant habituellement l’objet de petites vignettes galantes … Ce tableau, par son format grandeur naturelle réservé aux princes, était considéré par Alexandre Dumas-fils comme un affront au pouvoir Impérial qu’il soutenait ; Aux dimensions Princières, ce lupanar affichait trop ouvertement la décadence du Second Empire… un « ignoble » outrage au régime.
Voici les « deux femmes de grandeur naturelle se passant d’homme »
« LE SOMMEIL ou LES GOUGNOTTES » peint par Courbet en 1866 pour Khalil-bey : 200 cm x 135 cm. Petit Palais Paris
Flattant le goût de son commanditaire richissime, Courbet orne l’intérieur de cette scène d’un confort et d’un luxe tapageur, et reproduit en grandeur naturelle, l’Intérieur d’une maison de plaisir luxueuse :
Sur tout le fond, une lourde tenture de velours bleu de Prusse couverte d’un motif floral presqu’imperceptible; Sur la droite du lit, une console en bois de rose dont les montants sont sculptés et dorés, sur laquelle un vase en porcelaine de la Manufacture Impériale de Sèvre déborde d’un magnifique bouquet de fleurs aux couleurs vives; Au premier plan à gauche, sur une petite table de nuit laquée et richement décorée de multiples motifs, sont disposés une carafe à vin de cristal coloré vide, avec son verre de cristal vide, ainsi qu’un pichet à eau en cristal transparent asséché, montrant bien que tout a déjà été consommé… Au calme de l’abandon qui a saisi les deux corps, le peintre laisse à deviner la fougue qui l’a précédé, comme en témoignent les effets éparpillés sur les draps : collier de perles brisé, peigne et broche et boucles d’oreilles éparses…
Un autre détail, plus évocateur, laisse surtout entrevoir l’origine de leur plaisir : la main de la femme brune, au premier plan, posée sur le revers rose incarnat de la literie.
La référence à l’intérieur de Mlle Queniault employé par Dumas Fils, coule de source quand on voit cet intérieur peint grandeur naturelle par Courbet pour Khalil-bey : les Gougnottes.
L’intérieur de Mlle Quéniaux, c’était un lupanar ! (pour reprendre le terme employé à cette époque)
Il est vrai que Khalil-bey « s’hébergeait » de temps en temps dans l’appartement de Mlle Quéniaux, car il soutenait financièrement cette demi-mondaine, qui semble-t-il, lui portait chance aux jeux ; D’ailleurs la notoriété historique de Constance Quéniaux, tient plus au fait qu’elle ait été la « mascotte » de Khalil-bey surnommée « La Nabab » dans les cercles de jeux et dans la presse de boulevard, plutôt que d’avoir été une ballerine de l’Opéra; A l’évidence, le célèbre luxe de son intérieur était due aux prodigalités du Turc.
Point n’est besoin d’interpréter « l’intérieur » de manière scabreuse, et encore moins d’ôter sa fin à la phrase originelle, car l’Origine du monde n’apparait nulle-part dans ce texte ; D’ailleurs et contrairement aux Deux Gougnottes, le fragment de tableau qu’un illustre inconnu nomma au XXème siècle l’Origine du monde, ne fit aucun bruit à l’époque, car il était au secret, caché dans un cabinet de toilette fermé à clef, et personne n’en parlait ; alors que le tableau Saphique «grandeur naturelle» était dans toutes les bouches parisiennes, ce qui était très sonore. Certaines grandes dames de la meilleure société s’arrangeaient même avec les valets de KhalilBey, pour aller pendant ses absences, observer en douce « ce grand tableau scandaleux de Courbet » exposé dans sa chambre. (Sources: Albert Wolf, La Haute Noce 1885 ; et Frédéric Loliée, La Fête Impériale 1912.)
Seul un petit cercle d’amis très proche de Courbet et de Khalil-Bey eut le privilège de voir l’Origine du monde; D’ailleurs, même les frères Goncourt, grands amis d’Alexandre Dumas et de George Sand, qui pourtant avaient été chez Khalil-bey, n’apprirent l’existence de l’ODM que par un hasard incroyable en 1889 (soit 12 ans après la mort de Courbet et 10 ans après la mort de Khalil-bey) : C’était chez Mr Antoine de la Narde, antiquaire installé au 14 rue Saint Georges, à Paris. C’est là qu’Edmond de Goncourt, qui n’avait jamais été enclin à l’art de Courbet, découvre stupéfait l’ODM, caché derrière un autre tableau de l’artiste: le Château de Blonay. Il dira de cette rencontre inattendue : « Devant cette toile que je ne connaissais pas, je dois faire amende honorable à Courbet; ce ventre de femme, au noir et proéminent mont de Vénus sur l'entrebâillement d'un con rose, c’est beau comme la chair d’un Corrège.» Les frères Goncourt ne connaissaient pas l’ODM !… alors même qu’ils avaient vu chez Khalil-Bey le fameux tableau grandeur naturelle choquant qu’ils nommèrent dans leur journal « Les Tribades »… (Les lesbiennes).
Quant aux modèle utilisé par Courbet pour peindre « Les Gougnottes », que nous appelons aujourd’hui « Le Sommeil, qui fut aussi dénommée «Paresse et Luxure» par Castagnary, ou «les Dormeuses» par Mr Leger, ou encore « les Tribades» par les frères Goncourt ou tout simplement « les Lesbiennes» par certains journalistes de l’époque, voici deux extraits de mon livre « La Face cachée de l’Origine du monde» (p. 64 et 65) : J’ai retrouvé dans deux écrits des plus grands biographes de Courbet, l’un de son ami personnel Castagnary , l’autre de Charles Léger, cette indication primordiale :
« Courbet demanda à Johanna Hiffernan de poser pour la réalisation de la commande de Khalil-Bey, Paresse et Luxure» (ou « Les Gougnottes », ou « le Sommeil ») Troisième et dernier tableau de « la Suite sur les plaisirs » (après les plaisirs); Œuvre exposée au Petit Palais à Paris.
De plus, le biographe Charles Léger qui était en relation avec le Baron de Hatvany, répondant à une série d’articles de Mr Auriant parus dans le Manuscrit Autographe (N° 33 de Mai-Juin 1931) et dans le Mercure de France du 15 Septembre 1931, publie un article le 1er Novembre 1931, toujours dans le Mercure de France, au sujet de la Série des trois tableaux de nus de Courbet :
1-Venus et Psyché (Avant les plaisirs) ; 2- le fragment de tableau que vous appelez l’Origine du monde (Pendant les plaisirs) ;
et 3- Paresse et Luxure (Après les plaisirs); Pour ce dernier tableau il nous dit page 762 :
« Je dévoile ici le titre donné par le Maître d’Ornans à ce chef d’œuvre : Il l’appelait « Les Gougnottes ». Voilà la vérité ! Et cette peinture ne valait à ses yeux que par la qualité des tons différents passant de la brune à la blonde ».
En d’autres termes il nous indique ici, que la difficulté surmontée par Courbet dans cette œuvre, avait été de faire « Passer » les tons de son modèle féminin, de brune à blonde… il n’avait donc employé qu’un seul modèle : Johanna Hiffernan !
Cette hypothèse a d’ailleurs déjà été dévellopée en 1983 par un grand exégète de Courbet, Mr Sandor Kuthy, ex-Conservateur en chef du Musée des Beaux-Arts à Bernes, dans ses bulletins Kunstmitteilungen N° 222/223.
Par ce moyen simple et habile, Courbet aurait sciemment affiché dans ce tableau, les deux apparences revêtues par Johanna à travers ses œuvres . Il aurait ainsi tranché artistiquement, le nœud gordien.
UNE INFOX Construite de toutes pièces
Cela commence par la soi-disant mauvaise transcription du mot « Interview à la place d’Intérieur » ; La petite anecdote de M. Schopp sur cette erreur grossière, est un artifice d’illusionniste lui permettant de focaliser l’attention des lecteurs sur ce mot, en escamotant la fin de la phrase d’Alexandre Dumas-Fils …là où précisément l’auteur explique à George Sand que le tableau dont il parle est celui des «Gougnottes ». Voyez vous-même la lettre originale. Auriez-vous fait l’erreur de transcription? NON, car INTERIEUR est formellement reconnaissable.
Et cela se poursuit par de nombreuses lacunes et suppositions pendables :
Comme tous ceux ayant fait des recherches sur Khalil-bey, je savais que Constance Quéniaux avait été l’une des nombreuses maîtresses de Khalil-bey, et qu’elle lui portait chance aux jeux (Article de Santillane, rubrique Courrier de Paris, paru dans le GIL BLAS du 23 Aout 1890, soit 11 ans après la mort du Turc).
Mais, dans son livre M. Schopp ne nous donne aucune précision sur les dates précises de l’idylle entre KhalilBey et Constance Quéniaux. Il nous confie (p.76) « On ignore quand Constance est devenue l’une des nombreuses maîtresse de Khalil Bey ; Puis (p.83) il nous confie, un peu dans le flou, que la rupture avec Constance s’était produite avant le départ du Nabab, mais suffisamment avant pour avoir entrainé une guigne noire au joueur invétéré. » Bref, pas de dates précises… Alors, était-elle la maitresse de Khalil-Bey en 1866, lors de la réalisation de l’Origine du monde ? Personne ne le sait avec certitude.
Aucune preuve non plus, sur le fait que Mlle Quéniaux ait, à un moment quelconque de sa vie, rencontré personnellement Gustave Courbet :
M. Schopp n’apporte à aucun moment, la preuve que Constance Quéniaux soit venue poser dans l’atelier de Courbet entre le 15 mai 1866 (date de la visite de Khalil-Bey dans l’atelier de Courbet) et le 25 septembre de cette même année (date de livraison des Gougnottes et de l’Origine du monde par Courbet chez Khalil-bey) ! Il ne fait que supposer que Constance Quéniaux posa pour Gustave Courbet en 1866 à la demande de KhalilBey. Dommage qu’il avoue n’avoir aucun témoignage sur ces séances de pose, et qu’il finisse par admettre que ce n’est qu’une hypothèse… (p.78 ligne2)
Il poursuit en marchant sur des œufs : « Courbet a sans doute expliqué à Constance Quéniaux le tableau extraordinaire que Khalil-bey souhaitait, dont elle serait le modèle d’après nature : Il reproduirait le tronc d’une femme allongée nue sur un lit, les cuisses écartées, cadré de manière qu’on ne voie rien au-dessus des seins ( en partie recouverts du drap) ni en dessous des cuisses. Le reste du corps, pieds, jambes, ventre, hanches, mains, bras, épaules, cou et tête, serait sacrifié au profit du sexe impudique placé au centre. » (p.78)
Bref, tous les verbes employés ici, le sont au conditionnel avec le passage « a sans doute » ; ce qui montre bien l’Hypothèse de M. Schopp ; De plus, si j’ai surligné Ventre, Hanches et Placé au centre, c’est pour montrer combien M. Schopp méconnait l’Origine du monde, car ces parties du corps y sont formellement représentées ; D’ailleurs, le sexe n’est absolument pas positionné au centre du tableau, mais se retrouve décalé de son centre, suite à son découpage et à son extraction de sa grande toile d’origine : L’Extase de Johanna.
M. Schopp continue : « Peut-être Constance objecte-t-elle sa crainte d’être reconnue… » Encore et toujours un Peut-être ; Tout n’est que supposition ; Aucune preuve d’époque …
Tentant de conférer à la thèse Constance Quéniaux une légitimité totale, M. Schopp essaye de créer une proximité artificielle entre Khalil-bey et Alexandre Dumas-Fils : « Ils étaient tous deux collectionneurs de tableaux et avaient, à quelques années d’intervalle, eu la même maitresse : Jeanne de Tourbey » ; Mais M. Schopp nous apporte-t-il la preuve que Khalil-Bey et Alexandre Dumas se connaissaient personnellement ? NON ! Rien ! Aucun témoignage d’époque d’une quelconque discussion entre les deux hommes…Tout au plus, se sont-ils croisé à l’Opéra, chacun dans une loge différente. Mais pas d’échange validé, ni aucune preuve d’une quelconque rencontre, et encore moins d’une invitation d’Alexandre Dumas-Fils chez Khalil-Bey.
Enfin et pour couronner le tout, M. Schopp ne peut nous donner aucune preuve formelle sur le fait que Dumas fils connaissait l’existence même de l’Origine du monde…ni ne nous fournit la moindre phrase qu’Alexandre Dumas-fils aurait écrit précisément sur ce tableau ! Or, M. Schopp se targue d’être « LE GRAND BIOGRAPHE » en titre d’Alexandre Dumas fils.
Beaucoup de phrases de M. Schopp ne sont que des suppositions : « Il pourrait lui avoir révélé … » « l’auteur d’une prétendue indiscrétion pourrait être Khalil-Bey … » Mais Rien ne repose sur des preuves factuelles où des écrits d’époque !
Alors pour finir, je reprendrais une des phrases de M. Schopp lui-même : « A croire que la vérité de Constance Quéniaux, se reflète au plus près dans le miroir de la fiction ! » (p.68 ligne7)
Voyons maintenant la Postface du livre, écrite par Sylvie Aubenas de la BNF (p.131)
Il est consternant de constater que Md Aubenas de la BNF affirme lourdement, là où Mr Claude Schopp n’émet que des hypothèses. Dans « Un portrait de Femme bien difficile à décrire » (p.135), elle affirme :
1. « Savoir que Constance Quéniaux a posé pour l’œuvre nous aide à mieux reconstituer les circonstances de la commande » ; NON Md Aubenas ! le livre n’apporte aucune preuve sur le fait que Courbet connaissait Constance Quéniaux et n’apporte non plus aucune preuve, ni de leur rencontre, ni sur des séances de pose qui auraient été nécessaires à la réalisation de l’ODM.
2. Elle poursuit : « Le modèle a donc été choisi par Khalil-Bey »… Là encore, c’est énorme …c’est de la pure fiction, car aucune preuve écrite d’époque n’a été apportée sur ce sujet par M. Claude Schopp.
3. Et pour mieux s’enterrer : « Les hypothèses concernant Johanna Hiffernan, la maitresse de Courbet durant l’été 1866, dont la rousseur irlandaise et la carnation blanche étaient célèbre (Où a-t-elle trouvé ça ?), mais difficilement compatibles avec la complexion de brune de l’hypothétique modèle du tableau (là, elle doit évoquer sans prononcer le titre, l’Extase de Johanna), sont définitivement écartées. Toute autre maîtresse ou tout autre modèle de Courbet également ».
Madame Aubenas , je vous trouve bien péremptoire…vous affirmez pour tenter de convaincre, mais ça ne prend pas ; Car concernant les couleurs de peau utilisées par Courbet pour peindre la peau de Johanna dans ses différents tableaux, je vous suggère de relire le texte de Charles Léger, déjà cité plus haut au sujet des Gougnottes où Johanna Hiffernan est représenté sous ses deux aspect et dans ses deux teintes de peau : « Je dévoile ici le titre donné par le Maître d’Ornans à ce chef d’œuvre : Il l’appelait « Les Gougnottes ». Voilà la vérité ! Et cette peinture ne valait à ses yeux que par la qualité des tons différents passant de la brune à la blonde . Or nous avons la preuve par deux autres textes d’époque, dont un de Castagnary, que Johanna Hyffernan avait été le modèle retenu par Courbet pour ce tableau.
4. Enfin elle termine : « Connaitre la vérité rend aisément clairvoyant » ; Là-dessus je vous rejoins parfaitement Md Aubenas, mais je ne vois pas comment toutes vos suppositions sans aucune preuve écrite d’époque, peuvent constituer une quelconque vérité. Car Alexandre Dumas Fils ne connaissait même pas l’existence de ce fragment de tableau qu’un illustre inconnu a nommé au XXème siècle : l’Origine du monde.
Voilà comment on essaye de monter une mayonnaise, sans avoir d’œufs… (Fake News = INFOX)
LES RAPPORTS ENTRE ALEXANDRE DUMAS-FILS ET GUSTAVE COURBET
Question : Les deux hommes se connaissaient-ils personnellement ?
Dans le livre de M. Schopp, je n’ai trouvé aucune rencontre attestée et personnelle entre les deux hommes. En tout cas, ce que je sais, c’est que le peintre et l’écrivain ne partageaient pas les mêmes orientations politiques : Gustave courbet était un Républicain affirmé, alors qu’Alexandre Dumas-Fils prônait l’Empire. Voici ce que personnellement j’ai trouvé en dehors du livre de M. Schopp:
-Quand Courbet est invité par le Ministre des Beaux-Arts, Maurice Richard, à recevoir la légion d’honneur (Journal officiel du 22 Juin 1870), médaille Napoléonienne qu’il refuse « avec éclat et grand bruit, par un soufflet à Napoléon » Alexandre Dumas-Fils scandalisé écrira alors une lettre à son ami Henri Lavoix qui était conservateur adjoint de la Bibliothèque Impériale : « Quand vous verrez Arago (alors ministre), faites-lui bien des compliments ; A la bonne heure, voilà de la belle ouvrage. Toujours le même procédé. Faisons des politesses à nos ennemis. Refusons la Croix à Paul Chabas qui a fait un chef-d’œuvre l’année dernière, et offrons-la au peintre d’Ornans, qui nous traite de canailles et qui nous jette à la figure.»
-Le 14 Juin 1871, alors que Courbet n’avait été arrêté que depuis sept jours et croupissait à la Conciergerie, Alexandre Dumas-Fils, qui vouait une haine farouche à l’encontre du Communard Courbet, faisait paraître ceci dans le journal le Bien Public: « De quel accouplement fabuleux d’une limace et d’un paon, de quelles antithèses génésiques, de quel suintement sébacé peut avoir été généré, par exemple, cette chose qu’on appelle M. Gustave Courbet. Sous quelle cloche, à l’aide de quel fumier, par suite de quelle mixture de vin, de bière, de mucus corrosif et d’œdème flatulent a pu pousser cette courge sonore et poilue, ce ventre esthétique, incarnation du Moi imbécile et impuissant ?»
C’est donc trois jours plus tard, le 17 juin 1871, qu’il écrivit à George Sand sa fameuse lettre sur les Gougnottes. Ces attaques, dont le fond reste toujours politique, sont toujours dirigées dans le même sens : d’Alexandre Dumas-Fils vers Gustave Courbet ; Mais aucun écrit concernant précisément l’Origine du monde. Compte tenu de la haine féroce qu’il vouait à Courbet, s’il avait connu l’Origine du monde, il est évident qu’il ne se serait pas privé d’écrire moult lignes au vitriol, parlant de l’équarisseur Courbet qui découpe ses femmes nues…
Pour ce qui est de Courbet, dans toute la prolifique correspondance du Maître d’Ornans je n’ai trouvé qu’une ligne citant Alexandre Dumas-Fils…Son nom n’apparait que dans une lettre datée du 18 juin 1875 où Courbet qui est réfugié politique en Suisse, écrit à son avocat Etienne Baudry pour l’aider dans la défense de son deuxième procès contre l’Etat Français ; Il lui dresse la liste de toutes les ignominies qu’il a dû subir après la Commune et indique simplement Dumas parmi celles-ci … Effectivement, Alexandre Dumas-fils fut chargé par Hippolyte de Villemessant qui dirigeait le Figaro, hostile aux Communards, de rendre compte dans ses colonnes du procès de Courbet …(Une infamie de plus …) Mais rien d’autre…
Alors j’en arrive aux conclusions évidentes :
-Rien ne prouve que Gustave Courbet et Alexandre Dumas se connaissaient personnellement.
-Alexandre Dumas-Fils ignorait totalement l’Origine du monde, sinon il aurait traité Courbet d’équarisseur !
- Autre certitude : Le Monarchiste Alexandre Dumas-Fils exécrait le Communard Courbet, et le faisait savoir.
Voyons maintenant les propos de M. Claude Schopp dans son interview du Parisien du 25/09/18
Le journaliste : Vous écrivez qu’Alexandre Dumas fils révèle le nom du modèle de L’Origine du monde, Constance Quéniaux, dans une lettre à George Sand. Comment peut-on en être si sûr ?
(Excellente question, car le tableau n’est absolument pas cité dans la lettre de Dumas Fils !) Réponse de CLAUDE SCHOPP : « Alexandre Dumas fils ne raconte pas de salades quand il parle à George Sand, qui est un peu sa « maman ». Et puis lui-même est un collectionneur de peintures, comme Khalil Bey le premier propriétaire de « L’Origine du monde ». Tous les deux sont des hommes à femmes et se connaissent bien. Khalil Bey lui a sûrement fait cette confidence sur le modèle ».
Ces propos relèvent plus d’une hypothèse, que d’une une certitude confirmée… car son livre ne nous apporte aucune preuve tangible d’époque sur leur connaissance commune !
(Et pourquoi M. Schopp utilise-t-il l’expression RACONTER DES SALADES ? serait-ce l’aveu d’une habitude…?)
-Poursuivons par l’interview de Sylvie Aubenas de la BNF parue dans l’Express du 25/09/2018 :
Sylvie Aubenas de la BNF nous dit ceci : " Un autre élément vient corroborer la découverte de Claude Schopp. A la mort de Constance, en 1908, on découvrit lors de la vente de succession un tableau de Courbet représentant un bouquet de fleurs. La composition mêle habilement bouquet et plantes en pots.
Sur le côté gauche des fleurs printanières (iris, tulipes, primevères); sur le côté droit des camélias rouges et blancs, "les fleurs vouées aux courtisanes depuis Dumas fils", fait remarquer Sylvie Aubenas.
Surtout, au centre, on remarque une plante grasse qui tend vers le spectateur une profonde corolle rouge épanouie et ouverte. "Quel plus bel hommage de l'artiste et du commanditaire à Constance ? " souligne Md Aubenas.
Tableau de Courbet (succession Quéniaux en 1908.) Musée de l’Ermitage.
Sauf que Madame Aubenas oublie de vous dire que ce tableau de fleurs avait été peint par Courbet en 1863 (le tableau est signé avec sa date)
Or en 1863 Khalil-bey était ambassadeur à St Pétersbourg, et Courbet à cette époque peignait beaucoup de bouquets de fleurs.
Donc ce tableau ne peut historiquement avoir été un hommage de l’artiste et du commanditaire Khalil-bey, aux grâces de Constance Quéniaux.
Aussi, Constance aura très bien pu acheter ce tableau dans une galerie, ou bien l’avoir reçu en cadeau par l’un de ses nombreux amants, et ce, bien après la mort de Courbet et celle de Khalil-Bey… !
D’ailleurs, le catalogue de la vente de sa succession du 11 Juin 1908 fait apparaître que Constance Quéniaux avait richement décoré son intérieur (avec 31 lots à la rubrique Tableaux, Aquarelles et Dessins), qui comportait des œuvres d’artistes célèbres comme : Couturier, Greuze, Isabey, un nu de F. Boucher, Th. Rousseau, etc…
Sylvie Aubenas, dans le texte de sa Postface, essaye une fois de plus de rattacher impérativement ce bouquet décoratif à l’atelier de Courbet : « Ce bouquet offre la clef de lecture manquante et décisive (p.145) Il est certainement lié à la séance de pose de Constance dans l’atelier de Courbet » (p .146). Encore une supposition impossible Md Aubenas… Voyez les dates (1863 et non pas 1866) !
Ce qui est certain, c’est qu’en 1863, l’intention de Gustave Courbet n’était évidemment pas de peindre un quelconque hommage à quiconque à travers ce tableau de fleurs….Aussi la tentative de rapprochement artificiel entre le peintre, le commanditaire, et le modèle, échoue encore ici en beauté…
LES LECONS DE CE MENSONGE EFFARANT
Comment se peut-il que depuis trois mois, le Musée d’Orsay ne dénonce pas à grands cris, cette INFOX ? Le silence du Musée d’Orsay, alors que ce mensonge a fait le tour du monde, est éloquent ; Cela s’appelle de la complicité passive.
Comment se peut-il que la BNF et le Musée d’Orsay participent de concert à une Fake-News aussi énorme ?
Serait-il absurde de penser qu’en adhérant à la thèse Constance Quéniaux, le Musée d’Orsay souhaitait éliminer une fois pour toute la candidature gênante de l’Extase de Johanna pour le visage de l’Origine du monde ? Aveuglés par leur obsession à vouloir définitivement plonger dans l’oubli l’Extase de Johanna et le découpage de l’Origine du monde, souhaitaient-ils tirer parti de cette campagne de désinformation et ce mensonge ?
Fâcheusement pour eux, ils ont omis une loi pourtant universelle: Inexorable, la Vérité triomphe toujours !
Et pour qu’elle triomphe plus vite, je vais maintenant vous confier la source de mon inspiration : Le chapitre, écrit par Dominique de Font Réaulx sur «Le Sommeil ou les Gougnottes » dans le Catalogue Officiel RMN de l’Exposition Courbet en 2007 ; A l’époque, elle était Conservatrice au Musée d’Orsay et voici ces propos sur l’intérieur du lupanar affiché dans ce tableau commenté par Alexandre Dumas (pages 362 et 363) : « Le confort et le luxe, un peu tapageur du décor, évoquent les maisons de plaisir… Le thème est inédit en peinture, surtout à un tel format…Ainsi, Courbet transcende ici non seulement les codes de la représentation picturale classique, en élevant à la taille de peinture d’Histoire une vignette galante, mais aussi ceux de la peinture de cabinet. »
En niant aujourd’hui l’évidence, et en cautionnant par son silence coupable ce mensonge ahurissant, le Musée d’Orsay se décrédibilise lamentablement, une fois de plus... Alors, à quelques mois du Bicentenaire de la naissance de Courbet, quelle image désastreuse donne la Culture Française au monde international des Arts ? Il faut que ce scandale cesse !
Tant que notre Ministre de la Culture n’imposera pas au Musée d’Orsay une analyse scientifique comparative des deux tableaux, l’Origine du monde et de L’Extase de Johanna, le public sera de nouveau et malheureusement exposé à d’autres Fake-News utilisant frauduleusement l’Origine du monde pour réaliser de bonnes ventes très lucratives.
NON, Constance Quéniaux n’a jamais été la face cachée de l’Origine du monde ! J’affirme que c’était Johanna Hiffernan ! (voir tous les éléments probants d’époque, dans mon livre gratuit sur internet) https://www.lafacecacheedeloriginedumonde.com/
Seule une analyse scientifique comparative des deux tableaux pourrait prouver mon erreur sur Johanna ; Mais dans le cas contraire, cette analyse confondra définitivement tous mes contradicteurs.
Et que l’on ne vienne pas m’opposer la rengaine officielle : « Mais, l’Origine du monde n’a jamais été découpée puisqu’elle possède des bandes de tension », rengaine fallacieuse derrière laquelle s’abrite le Musée d’Orsay pour refuser toute analyse scientifique comparative…
J’ai apporté dans mon livre, la preuve formelle que les bandes de tension qui l’entourent aujourd’hui, ne sont miraculeusement apparues qu’en 2014 ; soit, comme par hasard, un an juste après l’annonce de la découverte de L’Extase de Johanna ; Et ce, alors que le C2RMF (Laboratoire des Musées de France) certifiait en 2007 dans son Rapport Officiel sur l’ODM, qu’elles étaient totalement inexistantes, ce qui prouvait bien le découpage de l’ODM ! Ces nouvelles bandes de tension miraculeuses : Encore un mensonge énorme ! Vous trouverez dans mon livre plusieurs témoignages historiques du découpage de l’ODM, dont celui de Jules Noriac, qui chez KhalilBey indique « CE N’EST QU’UN FRAGMENT DE TABLEAU » ; or un fragment de tableau ne comporte jamais de bandes de tension !
Si ces bandes de tension avaient été d’origine et non détachées de l’ODM, alors pourquoi la direction du Musée d’Orsay redoute-t-elle tant ces analyses scientifiques comparatives, qu’elle refuse si âprement ?
Monsieur le Ministre de la Culture, allez-vous laisser le déni et le mensonge prendre le pas sur le bon sens et le vérifiable ? Où donc est passée l’impérieuse nécessité de Vérité, tant prônée dans ses vœux par notre Président de la République ?